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20.01.04

Gênes : Les enquêtes sur le G8 sont-elles comme un match de football ?

mardi 20 janvier 2004 (22h25) :
Gênes : Les enquêtes sur le G8 sont-elles comme un match de football ?
Gênes : Les enquêtes sur le G8 sont-elles comme un match de football ?

La justice est-elle une question de comptabilité qu'on mesure sur la base du nombre des enquêtés entre les deux parties que l'on imagine opposées ?

Les déclarations du Procureur M. Porcelli sont surprenantes et attristantes.

Nous sommes des citoyens qui veulent justice, mais nous ne pensons pas que celle-ci se mesure avec des chiffres, et nous ne considérons pas les forces de l'ordre comme un adversaire : nous demandons que soient vérifiées les responsabilités opérationnelles et politiques de qui a violé les droits civils de milliers de personnes, de qui a abusé de son pouvoir en rouant des dizaines de personnes, de qui a maltraité les personnes arrêtées.

Nous le demandons parce que nous croyons à la démocratie, tandis que le Procureur M. Porcelli pose une question de chiffres : peu de manifestants enquêtés par rapport aux agents des forces de l'ordre.

Si la justice se mesurait ainsi, à quoi devrions-nous nous attendre par exemple pour l'école Diaz ?

Pour avoir un procès à qui commanda, géra et exécuta ce massacre, devrions-nous peut-être en avoir un autre à qui fut frappé, humilié, arrêté, sur la base de fausses preuves ficelées par la police elle-même ?

M. Porcelli devrait plutôt s'inquiéter du fait que trente agents seulement sont mis en cause dans cette enquête : sait-il ou ne sait-il pas, le Procureur, que ces trente agents sont des dirigeants et des fonctionnaires qui ont mené l'expédition, tandis que tous les cogneurs, tous ceux qui ont matériellement roué, échapperont à la justice parce qu'ils n'ont pas été identifiés, car leurs visages étaient cagoulés comme ceux de vulgaires délinquants ?

Et pourquoi, plutôt que de dispenser des certitudes sur le meurtre de Carlo Giuliani, le Procureur ne demande-t-il pas l'identification de ces agents - échappés jusqu'à présent à la justice - qui ont poursuivi et tabassé dans les rues plusieurs dizaines de manifestants pacifiques et sans défense ?

Pourquoi, plutôt que de se plaindre pour l'attention excessive portée sur les abus perpétrés à la caserne de Bolzaneto, ne demande-t-il pas une enquête sur le traitement des détenus dans la caserne de Forte San Giuliano, centrale opérationnelle des carabiniers ?

Pourquoi le Procureur, plutôt que d'attaquer des magistrats et des journalistes, ne demande-t-il pas aux responsables des forces de l'ordre la raison pour laquelle les membres des black blok ne furent-ils pas empêché d'accomplir leurs actions ?

Si les milliers d'agents présents à Gênes avaient agi alors, peut-être aujourd'hui le Procureur n'aurait-il pas ces faux problèmes de décompte et ne prétendrait-il pas à une chasse improbable aux manifestants à la recherche d'une égalité numérique absurde autant qu'impossible.

Mais nous voudrions aussi demander autre chose au Procureur : comment est-il possible qu'un homme qui représente la Justice à un si haut niveau fasse des déclarations qui semblent mettre sur le même plan des crimes éventuels contre les choses commis par d'anonymes individus et des crimes gravissimes commis contre des personnes et contre le loi (comme les fausses preuves à l'école Diaz) dont sont responsables des hommes en uniforme se situant parfois au plus haut niveau de la hiérarchie ? Ne comprend-il pas, Monsieur Porcelli, qu'il est en train de mettre en jeu la crédibilité des institutions, la tenue des règles démocratiques ?

Nous demandons au citoyen de réagir avec force vis-à-vis d'opérations de ce genre qui tentent de nier les faits et de dévier l'attention du cœur des enquêtes de Gênes, c'est-à-dire de la blessure infligée à la démocratie par les forces de l'ordre. Une blessure que de cette façon, on élargit de plus en plus.

Comité Vérité et Justice pour Gênes

traduit par Mc e G.R.

20.01.2004
Collectif Bellaciao


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